Hommage au P. Gérard-Henry Baudry

J’ai été heureux, la semaine dernière, de rendre hommage au P. Gérard-Henry Baudry, à Nantes où l’Exposition « Ensemble, construisons la Terre » était accueillie, depuis deux semaines à l’église St Nicolas, par les groupes de lecture de Nantes (Yann Tregouet), des Sables d’Olonne et d’Escouablac-Guérande.

Nous étions nombreux à lui rendre hommage en ce beau pays nantais, à l’embouchure de la Loire, diocèse du Père Gérard-Henry Baudry, (1935-2014) né et mort à St Philibert de Grand Lieu, juste un an après sa mort. Nous étions accompagnés de nombreux membres de sa famille et de Marie Bayon de la Tour, pour nous recueillir sur sa tombe et y apposer une plaque de marbre noir sur laquelle on avait gravé en lettres d’or ces mots, tirés du journal du Père Pierre Teilhard de Chardin : Je vais vers Celui qui vient.

Dans leur simplicité dynamique ces mots résument et affirment les parcours de ces deux grands religieux qui, toute leur vie, ont porté témoignage de la Grande Lumière Christique. Nourris, l’un par l’autre, pour mieux nous aider à leur tour, à avancer nous-mêmes, grâce à leurs importants travaux, nous souhaitons que ces témoignages soient entendus par les jeunes générations car ils sont plus actuels que jamais.

Gérard-Henry Baudry, était docteur en philosophie et en théologie, il s’était fait connaître par ses nombreux écrits sur Pierre Teilhard de Chardin ainsi que pour son intérêt pour la formation de la culture chrétienne. Auteur de nombreux ouvrages, il a été directeur de la collection « L’horizon du croyant » (Desclée/Novalis) et de la revue de l’université catholique de Lille, « Mélanges de science religieuse », ainsi que codirecteur de l’encyclopédie « Catholicisme, hier, aujourd’hui, demain ». Convaincu que Teilhard est l’un des plus grands penseurs du christianisme moderne et l’un des artisans de la nouvelle évangélisation, laborieux et brillant spécialiste de Teilhard il le présentait avec compétence dans de nombreux ouvrages publiés longtemps trop discrètement. Ses grandes connaissances conféraient à ses écrits une finesse d’analyse d’une très grande pertinence. Je lui dois beaucoup, il m’a accompagné tout au long de mes années dédiées à Teilhard, de ses connaissances immenses. Je me réjouis d’avoir eu la possibilité de le lui dire, amicalement, lors du Colloque Teilhard d’octobre 2011, au Centre Sèvres.

J’aimais le Père Baudry pour la pertinence de l’analyse de sa pensée teilhardienne transmise trop discrètement à travers ses nombreux livres, indispensables à une bonne connaissance de Teilhard dans les différents aspects de sa vie, si riche et si prolixe en écrits de toutes sortes.

Je recommande tous ses ouvrages, les premiers publiés à compte d’auteur et les trois derniers :Teilhard de Chardin et l’Appel de l’Orient, Teilhard de Chardin ou le retour de Dieu, et surtout son magistral Dictionnaire Pierre Teilhard de Chardin (Aubin éd.) que je recommande à tous les lecteurs teilhardiens des groupes de lecture. Ils sont indispensables pour nous accompagner dans l’univers complexe de Teilhard. On peut également le retrouver dans la magistrale Introduction des Notes de Retraite de Teilhard (1919-1954) publiées au Seuil, en 2002, avec une longue Préface du Père Martelet. Un dernier ouvrage a donné une synthèse magistrale de sa pensée en un livre posthume « Espérer pour l’homme avec Teilhard de Chardin » éd. St Léger, qu’il présentait lui-même ainsi : « Teilhard de Chardin, prophète de l’espérance, tel pourrait être le titre de ce livre ; une espérance qui n’exige pas la fuite des réalités humaines et matérielles. Bien au contraire, elle s’enracine dans le dynamisme évolutif qui soulève la création et l’oriente vers une complexité et une conscience de plus en plus grande ; surtout elle se greffe sur les espoirs humains qui ont conduit l’humanité, depuis son émergence, par un continuel dépassement d’elle-même sur la voie de la seule aventure qui vaille : la conquête de l’avenir. »

Pour terminer, je tiens à citer un de ses tout premiers essais Cosmos et Poésie, publié en 1976, à compte d’auteur, où il évoquait Teilhard ainsi :

« Ce scientifique a trop le sens de l’humain pour opposer technique et esthétique. Voici, par exemple, le témoignage donné à Paris, en 1939, au cours d’un dîner d’artistes : « Plus le monde se rationalise et se mécanise, plus il requiert les « poètes » comme les sauveurs et le ferment de sa personnalité. En somme, autour de l’énergie humaine croissante, l’art représente la zone d’avance extrême, celle où les vérités naissantes se condensent, se préforment et s’animent, avant d’être définitivement formulées et assimilées. Voilà son efficacité et son rôle dans l’économie générale de l’évolution. »[1]] et [2]

G.-H. Baudry, comme Teilhard, sont nos ‘professeurs d’espérance

Remo VESCIA   Paris, le 12 mars 2015

 

 

[1][ Comment comprendre et utiliser l’Art, 1939, XI, 97, Cf Lettre du 2 février 1953 sur l’art, à Valensin, 336s.

2 « La véritable importance de la poésie du point de vue général (…) est vitale, elle a toujours été vitale. Je crois qu’elle est à la base de l’élévation de l’homme et de toute son évolution. Le sens poétique, inné chez l’homme, a même certainement été à la source de toutes les religions ».