Réjouissons-nous du choix du Pape François

Pour le choix qu’il a fait de porter le nom du Poverello d’Assise que j’aime depuis mon enfance italienne (c’est le nom choisi pour notre premier enfant, dès avant le bonheur de sa naissance). St François que je vénère plus particulièrement depuis mes études en Sorbonne, mes lectures et nos voyages en Ombrie, et enfin la préparation du Colloque d’Assise, il y a quelques années, suivi de l’Expo « Ensemble, construisons la Terre » qui unit Teilhard de Chardin et François Cheng à François d’Assise; trois grands poètes mystiques que la Foi en Christ réunit, par delà l’espace et le temps.

Je me réjouis que ce Pape François soit issu de l’ordre des jésuites, comme Teilhard, ce qui signifie qu’il a suivi une formation intellectuelle et spirituelle très sérieuse (douze ans d’études et 4 vœux), formation tournée vers la pédagogie, le service aux autres, la connaissance du monde pour la plus grande gloire de Dieu. J’ai un très grand respect pour la Compagnie de Jésus à laquelle je suis redevable de mes études secondaires, au Collège de la Sainte Famille du Caire, là où Teilhard jeune avait enseigné trente cinq ans plus tôt, avant que je ne le fréquente, en ignorant tout de son existence.

Je me réjouis que dès ses premiers mots, le Pape François ait indiqué que sa référence à François d’Assise était due pour ses qualités exemplaires : un homme de foi authentique qui voulait restaurer l’Église de son temps ( « François, va et restaure mon église » lui avait enjoint le Christ en Croix à S. Damiano ) ; un homme de Paix et de fraternité (en pleine guerre il va à la rencontre du sultan d’Egypte en dialogue de Paix) ; un poète mystique qui entonne le Cantique des créatures, qui aime la Création et la matière vivante en quoi elle est constituée, comme Teilhard en savant et explorateur ; le Poverello d’Assise est d’abord un Pauvre qui est en communion avec la nature, un écologiste, on dirait de nos jours, mais infiniment plus que cela car son amour des êtres et des choses n’est pas de nature politique mais totalement désintéressé, de nature spirituelle et poétique, sa communion se met dans le sillage du Souffle cher à François Cheng, en retrouvant ainsi le sens profond et l’harmonie des choses. Ce sont des êtres « cosmiques » qui vivent en grande intelligence et amour avec l’Univers, la Nature, la Vie.

Je me réjouis que dès les premiers gestes, les premiers actes, les premières homélies, les premières prières, ce Pape ait montré qu’il n’accédait pas à un trône mais qu’il était le serviteur de ses fidèles, le bon pasteur, exactement comme l’on nous rapporte que S. François et Teilhard étaient : humbles, endurants, serviables, modestes, illuminés par leur foi en Jésus Christ. Je me réjouis de cette nomination car j’ai le sentiment de voir se réaliser en lui la convergence de toutes les qualités que nous appelons de nos vœux dans le parcours en cinq étapes de l’Expo. Teilhard les évoque dans ses lettres à la fin du parcours par ces mots à propos des stigmates de François : j’ai été frappé du symbolisme de cet esprit ardent et crucifié qui est apparu à saint François pour le combler d’un mélange de douleur et de joie. Je ne sais si tel est le sens vrai du prodige, mais j’y ai vu une des figures et une des révélations les plus parfaites qu’il y ait jamais eu dans l’Eglise, de ce Christ universel et transformateur qui s’est montré, je crois, à saint Paul, et dont notre génération éprouve invinciblement le besoin… nous avons besoin de nouveaux saint François, plus larges, agressifs et modernes que lui dans leur manière d’aimer le Monde, mais aussi « un-conventionalists » que lui dans la pratique de leur idéal.

Remo Vescia