Saint François d’Assise selon Benoit XVI
Pas d’opposition entre ces deux charismes dans la vie des saints
ROME, Mercredi 27 janvier 2010 (ZENIT.org) – La joie, un style de vie sobre, le respect de la création, le dialogue avec l’islam, le respect pour les prêtres, l’amour du Christ : autant de points de la vie chrétienne que le pape Benoît XVI a relevés dans la vie de saint François d’Assise en qui il voit un « géant de sainteté », apte à stimuler les baptisés vers leur vocation à la sainteté. Mais le pape explique aussi, dans un beau passage sur l’Eglise, que « dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement ».
Le pape a en effet consacré sa catéchèse du mercredi, en la salle Paul VI du Vatican, à saint François d’Assise, saint patron de l’Italie.
Au cœur de sa catéchèse en italien, le pape a levé les yeux de son texte pour s’adresser directement à son auditoire et souligner plusieurs points qui lui semblaient particulièrement importants à retenir de la vie de saint François.
Le François historique est celui de la tradition
Benoît XVI a souligné le fait qu’on ne peut opposer, comme certains biographes ont été tentés de le faire au XIXe et au XXe siècles, un François « soi-disant historique » et un François « de la tradition », de même qu’on a cherché le « soi-disant Jésus historique » derrière le « Jésus des Evangiles ».
« Un tel saint François, a fait observer le pape, n’aurait pas été un homme d’Eglise, mais un homme relié immédiatement seulement au Christ, sans formes canoniques et sans hiérarchie. Mais la vérité c’est que saint François a eu réellement une relation très immédiate avec Jésus et avec la parole de Dieu, qu’il voulait suivre sine glossa, dans toute sa radicalité et sa vérité ».
Benoît XVI a expliqué que saint François « n’avait pas l’intention de fonder un nouvel ordre avec les formes canoniques nécessaires, mais simplement, avec la parole de Dieu et la présence du Seigneur, il voulait renouveler le Peuple de Dieu, le convoquer à nouveau à l’écoute de la parole et à l’obéissance verbale avec le Christ. »
« Il savait en outre, a ajouté le pape, que le Christ n’est jamais « mien », mais toujours « nôtre », que le Christ, je ne peux le posséder, « moi », et reconstruire ce « moi » contre l’Eglise, sa volonté et son enseignement, mais que c’est seulement dans la communion de l’Eglise construite sur la succession des Apôtres, que se renouvelle aussi l’obéissance à la parole de Dieu. »
Pas d’opposition entre charisme prophétique et de gouvernement
Le pape a notamment mentionné l’accueil que le pape Innocent III a réservé à saint François, en reconnaissant ce « projet d’une nouvelle vie chrétienne » et en ayant l’intuition de « l’origine divine du mouvement suscité par saint François ».
« Le Poverello d’Assise avait compris, a également souligné le pape, que tout charisme donné par l’Esprit Saint doit être mis au service du Corps du Christ qui est l’Eglise ; il a par conséquent toujours agi en pleine communion avec l’autorité ecclésiastique ».
Le pape en tire cette constante de la vie de l’Eglise : « Dans la vie des saints, il n’y a pas d’opposition entre charisme prophétique et charisme de gouvernement, et s’il arrive que se crée quelque tension, ils savent attendre avec patience le temps de l’Esprit Saint. »
En français, le pape a présenté François d’Assise comme « un authentique géant de sainteté qui attire encore aujourd’hui une multitude de personnes de tous âges et de toutes croyances ».
Il rappelle son obéissance radicale à l’appel du Christ : « Dans un choix radical de vie, après avoir entendu par trois fois le Crucifié lui dire « Va, François, et répare mon église en ruine », il se consacre à Dieu dans la pauvreté et l’annonce de l’Évangile ».
Le Christ et le prêtre
Le pape relève cette dimension christocentrique de l’appel de saint François : « Son intuition et son idéal étaient d’être comme Jésus, de le contempler, de l’aimer intensément en l’imitant et en l’adorant ».
Mais il n’a pas voulu la dignité sacerdotale et le pape souligne l’attitude du saint vis-à-vis des prêtres : « François avait un respect immense pour les prêtres qui ont reçu le don de consacrer l’Eucharistie et il avait pour eux une grande exigence de pureté. Puisse son message et son exigence, en cette année sacerdotale, aider de nombreux prêtres à vivre leur vocation ».
A propos du « dialogue » avec l’Islam, le pape relève aussi sa rencontre avec le sultan : « En rencontrant un Sultan, il ouvre, dès 1219, la voie d’un dialogue efficace entre chrétiens et musulmans ».
Son amour de la création aussi est un message d’actualité : « Chantre de la création, car il vivait en harmonie avec la nature, le message de fraternité universelle et d’amour pour la création de son célèbre Cantique est très actuel », a expliqué le pape.
Un style de vie pour aujourd’hui
Son style de vie aussi est une lumière pour la société d’aujourd’hui, ajoute Benoît XVI en faisant cette invitation : « A la suite de ses nombreux fils spirituels, cultivons nous aussi la pauvreté intérieure pour grandir dans la confiance en Dieu et trouver un style de vie sobre et détaché des biens matériels ».
Enfin, le pape lance un appel à la joie chrétienne : « Le Poverello était joyeux en toute situation : il y a, en effet, un lien étroit entre la sainteté et la joie. Le secret du vrai bonheur est là : devenir un saint ».
« Prions Dieu afin qu’il donne à son Église des saints, qui soient eux-aussi des ‘autres Christ’. Bon pèlerinage à tous ! », a conclu le pape en français.
En italien, Benoît XVI a ajouté cette exhortation à la « joie d’aimer » à l’adresse des jeunes, des malades et des jeunes mariés : « Je souhaite à chacun, dans sa situation, de contribuer avec générosité à diffuser la joie d’aimer et de servir Jésus Christ ».