Science et Foi d’après Teilhard de Chardin
Par Remo Vescia
C’est le siècle des Lumières qui a lancé l’idée de Progrès, en prêchant un humanisme séculier devant conduire à un âge de raison où la religion serait remplacée par la Science. Mais la promotion des sciences naturelles induisait une dimension matérialiste et une pratique anti-religieuse marquée : l’homme était désormais capable de résoudre seul ses problèmes et, n’ayant plus besoin d’un Dieu personnel et transcendant, devenait son propre sauveur.
Au XIXe siècle des idées et même des idéologies se sont développées à partir de nombreux éléments du siècle des Lumières et ont fait du Progrès scientifique un phénomène nécessaire et inexorable. L’optimisme existentiel affirmait que plus les êtres humains dominaient le monde à travers les sciences naturelles, plus les choses s’amélioreraient, nécessairement. Le progrès était en marche sans avoir à se référer à une Religion, par la seule volonté et capacité de l’homme.
C’est également au XIXe siècle que le concept de descendance avec transformation des espèces par mutation des données biologiques et sélection naturelle – l’évolution telle qu’elle est comprise aujourd’hui – a été formalisé et doté d’un mécanisme cohérent, par Darwin, en premier, apportant une vision nouvelle de la vie et de son histoire. La pensée évolutionniste a imprégné désormais tous les domaines de la biologie et, par la dimension historique du processus de l’évolution, elle a touché également les sciences de la Terre et de l’univers. Comprendre le monde au travers de l’évolution nous a conduits à voir et à penser autrement…
« Je crois que je vois quelque chose, écrivait T. dès 1918, et je voudrais que ce quelque chose fût vu… »(GP, 351).
Ce qu’il a vu, c’est la possibilité d’unir l’amour de Dieu et l’amour du monde, de réconcilier la foi et la science, d’élaborer une mystique chrétienne non plus d’évasion du monde, mais d’assomption de toutes les valeurs terrestres. Vivre sa foi chrétienne et contribuer à la répandre par son propre témoignage et la diffusion de sa pensée, telle fut sa préoccupation essentielle et permanente.
Mais avant d’analyser ce que croyait Teilhard et comment il le croyait, une précision s’impose, pour éviter toute équivoque fâcheuse. Teilhard utilise le mot « foi » en des sens différents. Tantôt il s’agit de la Foi chrétienne comme vertu théologale, tantôt le terme signifie, par analogie, l’adhésion de l’intelligence à un sens, à une valeur. C’est ainsi qu’il parlera de la foi en l’homme , de la foi au monde, de la foi au progrès, etc.
Cette extension du vocabulaire n’est pas gratuite chez lui. Elle relève de sa conception de l’unité fondamentale de l’esprit humain, dont les démarches doivent rester homogènes. Ainsi suppose-t-il que, avant toute élaboration rationnelle, l’esprit humain opère une option, une sorte « d’acte de foi psychologique ». « Croire », n’est-ce pas selon lui, « opérer une synthèse intellectuelle » ? (CJC, X, 119. 1934)
La foi surnaturelle se greffe, pour ainsi dire, sur la « foi naturelle ».
Dans le domaine des croyances, toute foi aboutit à une foi. Cette génération, sans doute, n’exclut pas le raisonnement. De même que la liberté se manifeste dans la Nature en captant et échafaudant des déterminismes, ainsi la foi progresse dans nos esprits en tissant autour d’elle un réseau cohérent de pensées et d’action. Mais ce réseau ne monte et ne tient finalement que sous l’influence organisatrice de la foi initiale. Ainsi l’exige, transporté en psychologie religieuse, le principe d’homogénéité qui domine les transformations synthétiques de la Nature. (Ibid.)
Cette conception témoigne d’un effort de lucidité remarquable pour démasquer les postulats présents à l’origine de tout système de pensée et montrer qu’ils sont des actes de foi psychologiques. De même tout homme pose implicitement un tel acte pour autant qu’il pense et dans la mesure où il agit.
Teilhard a donc très nettement pris en compte cette orientation du sens moderne de la vie. À son avis, la prise de conscience de notre liberté et de notre responsabilité de l’avenir est une conquête précieuse et définitive de la destinée humaine. Et cela, malgré les erreurs et les méprises auxquelles elle peut encore donner lieu.
(Et Jean-Paul II n’affirmera-t-il pas en 1976, sur un plan théologique : Il faut considérer l’évolution comme plus qu’une hypothèse[1].)
L’aversion lucide du fatalisme, de la soumission passive à la vie, de l’absurde comme clé du monde, constituent peut-être un des événements les plus importants de la vie spirituelle de l’humanité contemporaine, un événement dont toute conception du monde, chaque philosophie, toute religion, doivent désormais tenir compte.
La volonté d’augmenter le monde par d’avantage de progrès et de technique, par plus de science et de culture, représente dans l’humanité contemporaine la force vitale et motrice la plus profonde.
Teilhard, avant beaucoup d’autres, a souligné la compatibilité entre la mentalité contemporaine et les intuitions cosmologiques. Elle correspond dans une certaine mesure au moment actuel de ce qu’il appelait la Cosmogenèse, l’histoire de l’Univers. Car nous savons maintenant que notre mission sur Terre consiste à conduire l’évolution de manière consciente, à son achèvement ultérieur. « Après l’ère des évolutions subies, l’ère de l’auto-évolution » a dit Teilhard.
Ainsi c’est toute l’humanité qui est appelée à progresser, dans la mesure où l’homme doté de réflexion[2] prend conscience de soi et du monde qui l’entoure; alors sa connaissance évolue, avec l’éducation et l’information qui se multiplie (grâce aux progrès techniques, notamment…) et donc la conscience qui naît avec la montée de la complexité et éveille en nous le sens de la responsabilité. Le travail alors prend un sens particulier et notamment le travail de recherche – (aussi sacré que celui du prêtre, dit Teilhard) – puisqu’il faut construire le monde, en s’unissant, en s’aimant, au prix même de la souffrance qui est le lot commun de notre condition humaine ! – « La seule réalité qui soit au Monde est la passion de grandir ». Comment je crois, 1934.
Nous avons mieux pris conscience de la tâche à accomplir dans ce monde et de notre responsabilité envers tout ce qui est à venir : ce qu’il faut faire pour habiter cette Terre en intelligence et en bonne harmonie. Il est faux d’affirmer que l’homme moderne est a-religieux. dit Teilhard.[3] Le sentiment religieux, inhérent en tout homme, a pris chez nous une autre forme : une orientation nouvelle est en train de germer au cœur de l’Homme moderne, dans le sillon de l’idée d’Évolution. Et il ajoute : Le Progrès ce n’est pas ce que le vulgaire pense et ce qu’il s’irrite de ne jamais voir arriver. Le Progrès ce n’est pas immédiatement la douceur, ni le bien-être, ni la paix. Il n’est pas le repos. Il n’est pas même directement la vertu. Essentiellement, le Progrès est une Force et la plus dangereuse des Forces. Il est la Conscience de tout ce qui est et de tout ce qui se peut. Dût-on exciter toutes les indignations et heurter tous les préjugés, il faut le dire, parce que c’est vrai : Etre plus, c’est d’abord savoir plus.
Si Teilhard n’a construit aucun système philosophique, il nous propose néanmoins, dans ses Essais multiples et successifs, en une structuration cohérente qui les unifie, une vision totale, où rien d’essentiel ne manque, car les éléments sont reliés par une nécessité intime : la présence du Christ dans le mystère du réel.[4] « Par suite de la découverte scientifique de l’unité naturelle et de l’énormité du Monde, l’homme moderne ne peut plus reconnaître Dieu qu’en prolongement de quelque progrès ou maturation universelle » dit Teilhard.
Aussi, en toute logique croit-il à une dynamique de la vérité, une marche vers un point Oméga – qui n’est autre que la vérité du Christ lui-même[5]. « Les idées comme la Vie dont elles sont la plus haute manifestation, ne rebroussent jamais chemin » Le paradoxe transformiste, 1925. – « L’histoire est là tout entière pour nous garantir qu’une vérité, dès qu’elle a été vue une fois, fut-ce par un seul esprit, finit toujours par s’imposer à la totalité de la conscience humaine ». Le phénomène humain, p. 242.
Teilhard a ainsi édifié une science positive de l’homme et décrit les médiations existentielles de son achèvement : aucun problème majeur qu’il n’ait abordé et renouvelé. Il a tracé une voie à un remaniement de la philosophie scientifique et religieuse. C’est ainsi qu’il nous oblige à une révision de nos catégories mentales et qu’il s’oblige à l’invention d’un langage nouveau qui convienne à la mutation actuelle de la conscience. Il pose les conditions irréversibles auxquelles doit satisfaire l’exposé de la vérité pour se faire accepter. En cela Teilhard a pris place parmi les plus grands penseurs de l’histoire.
Les amoureux de la Nature que nous sommes apprécieront cette citation que j’aime particulièrement pour la justesse de son évocation poétique :
« Le Monde se construit… Il doit se comparer, non pas à un faisceau d’éléments artificiellement juxtaposés, mais plutôt à quelque système organisé, animé d’un large mouvement de croissance qui lui est propre. Au cours des siècles, un plan d’ensemble paraît vraiment en voie de se réaliser autour de nous. Il y a une Affaire en train dans l’Univers, un résultat en jeu, que nous ne saurions mieux comparer qu’à une gestation et à une naissance : la naissance de la réalité spirituelle formée par les âmes, et par ce que celles-ci entraînent de matière. Laborieusement et à la faveur de l’activité humaine, se rassemble, se dégage et s’épure la Terre nouvelle. Non, nous ne sommes pas comparables aux éléments d’un bouquet, mais aux feuilles et aux fleurs d’un grand arbre, sur lequel tout apparaît en son temps et à sa place, à la mesure et à la demande du Tout…. Tous les souffrants de la Terre unissant leurs souffrances pour que la peine du Monde devienne un grand et unique acte de conscience, de sublimation et d’union : ne serait-ce pas là une des formes les plus hautes que pourrait prendre à nos yeux l’œuvre mystérieuse de la Création? » L’Énergie Humaine, 1933, p. 61-62
Et parce que nous vivons dans un monde évolutif de nature convergente, nous devons tendre à cette forme nouvelle de vie sociale, où la justice, l’harmonie et la vie spirituelle supérieure trouvent leur réalisation. Cela ne peut se faire qu’en prenant appui sur des valeurs humanistes universelles, pour moi dans le christianisme de l’Evangile, tel qu’il est compris et vécu par Teilhard. Et ce n’est pas sans une immense satisfaction que nous en trouvons encore récemment confirmation jusque dans les cultures orientales telles qu’elles émergent par la voix de quelques grands poètes venus de l’Est. Je songe à François Cheng.
Une société progresse en devenant plus humaine, voilà l’acte de foi de base. Un nouvel humanisme chrétien centré sur la dignité de la personne humaine, voilà ce que T. a permis de comprendre mieux que beaucoup d’autres, car une culture ne progresse véritablement que dans la mesure où elle parvient à obtenir le bien commun, c’est-à-dire les conditions de vie sociale permettant aux personnes, aux familles, aux groupes d’atteindre leur véritable bien intégral. La prospérité matérielle est un élément de ce progrès véritable mais elle n’est pas le seul et elle n’est pas non plus le plus important.
Malheureusement le sous-développement spirituel est aussi répandu que le sous-développement économique dans le monde contemporain. De nombreuses personnes découvrent que tandis que leur vie matérielle, intellectuelle et sociale s’est développée au fil des années, leur vie spirituelle n’a pas beaucoup évolué depuis leur enfance.
L’objectif de T. n’a jamais été d’offrir à ses contemporains un traité théologique sur la vie spirituelle, mais de les inviter à s’humaniser c à d à grandir dans leur relation personnelle avec le Christ « en qui tout se tient » (St Paul). De nombreux concepts tels que la sainteté, la volonté de Dieu, la foi et l’humilité semblent très éthérés pour les gens d’aujourd’hui. Les ramener à leur juste niveau spirituel, les rendre tangibles et accessibles à travers des raisonnements scientifiques, voilà ce qu’il me semble que T. fait tout naturellement car il ne faut pas oublier qu’il était prêtre et que c’est en homme de foi en même temps qu’en homme de science qu’il s’exprime.
Vous n’ignorez sans doute pas que la publication des écrits de Teilhard fut posthume, dès avril 1955, au lendemain de sa mort : sous le Haut Patronage d’un important comité scientifique grâce à Jeanne Mortier, sa légataire testamentaire, sur plus de vingt ans, le dernier des treize volumes des Œuvres Complètes, Le Cœur de la Matière, parut en 1976. Il avait été écrit en 1950 – alors que Teilhard était âgé de 69 ans. Il le considérait comme son livre testament : il y met à nu les racines d’où a surgi son œuvre. « J’ai cherché, précise-t-il à décrire, dans une sorte d’autobiographie, le processus général et les principales phases de ‘l’apparition’ « . Ainsi, arrivé presque au terme de sa vie, Teilhard se retourne et perçoit en pleine lucidité les deux voies convergentes qu’il a parcourues : celle de la Science et celle de la Foi. Il saisit alors l’unité de sa vie et l’expose dans un beau livre auquel je vous renvoie si vous voulez aller à sa rencontre.
Les thèmes majeurs mis en relief par Le Cœur de la Matière : le Cosmique ou l’Évolutif, l’Humain ou le Convergent sont subsumés par un thème qui les contient : Le Christique ou le Centrique. Au terme de l’ascension, Teilhard n’a plus d’échange qu’avec Dieu. Il écrit alors la PRIERE AU CHRIST TOUJOURS PLUS GRAND. Prière inégalée jusqu’à ce jour dans sa profondeur mystique, l’étendue de la science qu’elle implique, et la beauté de l’expression. Je voudrais ici vous en donner connaissance et essayer de traiter ensuite, à partir de ce beau texte, le sujet proposé.
PRIERE AU CHRIST TOUJOURS PLUS GRAND
« Seigneur, parce que, de tout l’instinct et par toutes les chances, de ma vie, je n’ai jamais cessé de vous chercher et de vous placer au cœur de la Matière universelle, c’est dans l’éblouissement d’une universelle Transparence et d’un universel embrasement que j’aurai la joie de fermer les yeux…
Comme si d’avoir rapproché et mis en contact les deux pôles tangible et intangible, externe et interne, du Monde qui nous emporte avait tout enflammé, et tout déchaîné…
Sous la forme d’un « tout petit », entre les bras de sa Mère, – conformément à la grande Loi de Naissance -, vous avez pris pied dans mon âme d’enfant, – Jésus. Et voici que, répétant et prolongeant en moi le cercle de votre croissance à travers l’Eglise, – voici que votre humanité palestinienne s’est peu à peu épandue, de toutes parts, comme un iris innombrable où votre Présence, sans rien détruire, pénétrait, en la sur-animant, n’importe quelle autre présence autour de moi…
Tout cela parce que, dans un Univers qui se découvrait à moi en état de convergence, vous aviez pris, par droits de Résurrection, la position maîtresse du Centre total en qui tout se rassemble!
Fantastique essaim corpusculaire qui, – ou bien tombant comme neige des profondeurs de l’Infiniment Diffus, – ou bien, au contraire, jaillissant comme fumée de l’explosion de quelque Infiniment Simple -, formidable multitude, oui, qui nous brasse dans son tourbillon!… De cette effarante Energie granulaire (pour que je puisse mieux vous toucher, – ou plutôt, qui sait? pour pouvoir mieux m’étreindre) vous vous êtes drapé à mes yeux, Seigneur; – ou plutôt vous avez fait votre Corps même. Et pendant longtemps je n’ai vu là qu’un merveilleux contact avec une Perfection déjà toute achevée…
Jusqu’au jour, tout récent, où vous m’avez fait m’aviser qu’en épousant la Matière ce n’est pas simplement son Immensité et son Organicité que vous aviez revêtues : mais que c’est son insondable réserve de puissances spirituelles que vous aviez absorbée, contractée, et monopolisée…
Si bien que, depuis lors, à mes yeux, à mon cœur, vous êtes devenu, bien plus encore que Celui qui était et qui est, Celui qui sera…
Pour un certain nombre de vos serviteurs, Seigneur, le Monde, notre Nouveau Monde, – celui des noyaux, des atomes et des gènes -, est devenu source de continuelle anxiété, – parce qu’il nous apparaît maintenant comme si mouvant, et si irrésistible, et si grand! Cette probabilité montante (et sur laquelle nous conspirons pour fermer les yeux) d’autres planètes pensantes au firmament… Ce rebondissement, évident, d’une évolution devenue capable, par effort planétaire, de se diriger et de s’accélérer elle-même. Cette montée, à l’horizon, par effet d’ultra-réflexion, d’un Ultra-humain… Tout cela paraît effrayant à qui, hésitant encore à se jeter dans les grandes eaux de la Matière, craint de voir son Dieu éclater en acquérant une dimension de plus…
– Mais pour mon intelligence et pour mon âme rien saurait-il précisément vous rendre plus aimable, seul aimable, Seigneur, que de m’apercevoir que, Centre toujours ouvert au plus profond de vous-même, vous continuez à vous intensifier, – votre teinte continue à monter -, à mesure que, rassemblant et soumettant toujours plus l’Univers au cœur de vous-même («jusqu’au moment de rentrer, Vous et le Monde en Vous, au sein de Celui dont vous êtes sorti ») vous vous plérômisez ?
Plus les années passent, Seigneur, plus je crois reconnaître que, en moi et autour de moi, la grande et secrète préoccupation de l’Homme moderne est beaucoup moins de se disputer la possession du Monde que de trouver le moyen de s’en évader. L’angoisse de se sentir, dans la Bulle cosmique, non pas tant spatialement qu’ontologiquement fermé! La recherche anxieuse d’une issue, ou, plus précisément d’un foyer, à l’Évolution! Voilà, en paiement d’une Réflexion planétaire qui grandit, la peine qui pèse obscurément sur l’âme aussi bien des Chrétiens que des Gentils, dans le monde d’aujourd’hui.
En avant et au-dessus de soi, l’Humanité, émergée à la conscience du mouvement qui l’entraîne, a de plus en plus besoin d’un Sens et d’une Solution auxquels il lui soit enfin possible de pleinement se vouer.
Eh bien, ce Dieu, non plus seulement du vieux Cosmos mais de la Cosmogénèse nouvelle, (dans la mesure même où l’effet d’un travail mystique deux fois millénaire est de faire apparaître en Vous, sous l’Enfant de Bethléem et le Crucifié, le Principe moteur et le Noyau collecteur du Monde lui-même), – ce Dieu tant attendu de notre génération, n’est-ce pas vous, tout Justement qui le représentez, et qui nous l’apportez, -Jésus?
Seigneur de la Consistance et de l’Union, Vous dont la marque de reconnaissance et l’essence sont de pouvoir croître indéfiniment, sans déformation ni rupture, à la mesure de la mystérieuse Matière dont vous occupez le Cœur et contrôlez en dernier ressort tous les mouvements, – Seigneur de mon enfance et Seigneur de ma fin, – Dieu achevé pour soi, et cependant, pour nous, jamais fini de naître, – Dieu qui, pour vous présenter à notre adoration comme «évoluteur et évolutif», êtes désormais le seul à pouvoir nous satisfaire, – écartez enfin tous les nuages qui vous cachent encore, – aussi bien ceux des préjugés hostiles que ceux des fausses croyances.
Et que, par Diaphanie et Incendie à la fois, jaillisse votre universelle Présence.
O Christ toujours plus grand!
[1] Jean-Paul II : Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après la parution de l’Encyclique, de nouvelles connaissances conduisent à reconnaître dans la théorie de l’évolution plus qu’une hypothèse. Il est en effet remarquable que cette théorie se soit progressivement imposée à l’esprit des chercheurs, à la suite d’une série de découvertes faites dans diverses disciplines du savoir. La convergence, nullement recherchée ou provoquée, des résultats de travaux menés indépendamment les uns des autres, constitue par elle-même un argument significatif en faveur de cette théorie.
[2] « La réflexion est la faculté que possède chaque conscience humaine de se replier sur elle-même afin de reconnaître les conditions et le mécanisme de son action » L’hominisation, 1925
[3] L’Etoffe de l’Univers, p. 6-7.
[4] « L’important, dans l’existence, n’est pas de circonscrire le Réel…, mais de déterminer dans ce Réel, certaines lignes sûres de progression et d’arrangement ». Lettre du 17/11/1947
[5] Le Christ nous a dit : Je suis la Voie, la Vérité, la Vie.